En 2010 à 40 ans je donnais naissance à mon second enfant. La première échographie indique une clarté nucale un peu épaisse (2,4 cm) et on me propose dans la foulée la prise de sang pour l’HT21.
Sans avoir le temps d’y réfléchir et de comprendre, je fais l’examen : résultat de 1/7 et là tout bascule.
On me somme de faire une amniocentèse illico. Après réflexion mon mari et moi avons refusé de faire l’amniocentèse ayant décidé de garder le bébé quoiqu’il arrive. Fermes dans notre décision, nous avons signé une décharge en indiquant que nous ne poursuivrons pas l’hôpital si l’enfant à naître devait être anormal.
Malgré cela durant 7 mois, j’ai subi de la part de l’obstétricien qui me suivait des pressions énormes et ai été traitée d’inconsciente et de femme navrante. A 34 SA on m’a dit « mais vous rendez vous compte madame, que vous allez accoucher par césarienne d’un enfant anormal? »Ces mots claquent encore dans ma tête aujourd’hui.
Jamais je n’ai été soutenue bien au contraire on cherchait par tous les moyens à me culpabiliser de vouloir donner la vie fusse-t-elle différente. Lorsqu’une femme ne souhaite pas mener jusqu’au bout sa grossesse à cause d’un handicap décelé chez l’enfant à naître, tout est mis en œuvre pour qu’elle ne se sente pas coupable d’avorter. En revanche, lorsqu’une femme décide dans la même situation de mener sa grossesse jusqu’au bout et de donner la vie, on ne se gène pas pour la faire culpabiliser et le déprécier.
Ainsi au fil de ma grossesse il a fallu que je me batte pour garder la joie intacte de donner naissance à un enfant qui avait tout de même 6 chances sur 7 de naître normal !
Si le corps médical a le devoir d’informer les patientes des possibilités offertes c’est pour qu’elles puissent donner leur libre consentement éclairé à tout acte envisagé, mais il n’est pas admissible d’user de son statut de médecin pour influencer une patiente qui vit déjà une situation difficile.
Ma fille est née sans aucun handicap en avril dernier.

(Une non professionnelle)