Notre position de pédiatre chargé d’accompagner les parents d’enfants qui ne sont jamais , et heureusement , comme ils avaient imaginé, même en l’absence d’handicap reconnu, est de plus en plus difficile.
J’entends encore trop souvent des commentaires de parents d’enfants « bien portants » croisant des enfants handicapés dans mon cabinet ou à l’hôpital « il n’a pas été dépisté? »
Je n’aimerais pas aujourd’hui être à la place de mes confrères gynécologues obstétriciens soumis à une tension proche de la schizophrénie. J’admire certains de ces confrères qui continuent à exercer cette profession malgré les exigences contradictoires qui leur sont imposées et qui les traversent. J’admire encore plus ces mères qui vivent de plus en plus souvent des grossesses « volées » par le médical, après l’irruption d’une suspicion d’anomalie qui finit par envahir toute la grossesse par la succession d’examens, le doute ineffaçable qui demeure et la culpabilité qui perdure.
Chapeau pour votre démarche qui, je l’espère, finira par autoriser un « vrai débat » chez les professionnels, les usagers, les politiques, et plus globalement dans notre démocratie pour que ne s’instaure pas insidieusement un « eugénisme démocratique » qui fait fi de la responsabilité individuelle et collective ainsi que du libre arbitre.
(Un pédiatre)