A 33 ans, j’attends mon deuxième enfant. C’est super. Au cours de ma grossesse tout se passe pour le mieux, sauf que prête à sortir du cabinet du gynécologue, celui-ci me dit qu’on va me téléphoner pour me faire une amniocentèse dans la semaine. Inutile de vous dire que je suis rentrée chez moi effondrée. Un bébé mongolien, non merci. La semaine se passe, rien.
Je revois le gynécologue le mois suivant : « Non, le laboratoire s’est trompé ». Je n’ai pas cherché (on ne m’a rien proposé) à en savoir plus, la grossesse se poursuit normalement.
Cinq semaines avant l’accouchement, me voilà à la maternité et les choses se précipitent. Je mets au monde très rapidement un deuxième petit garçon que je n’ai même pas le droit de prendre dans mes bras. Mon mari n’est pas là (45 kms pour venir). J’entends qu’on a prévenu le pédiatre, mon mari arrive, seul dans le bureau, le pédiatre lui annonce que Clément est trisomique. La question du pédiatre « Doit-on prévenir votre femme ? ».
Parcours difficile pour notre enfant (scolarité, vie en société, acceptation dans la famille). Après lui, on m’a proposé systématiquement le dépistage si je voulais un troisième enfant. Troisième il y a eu, mais sans dépistage. Mon choix était fait, j’adore Clément, il est heureux. Ses frères l’aiment.
Malheureusement Clément ne peut pas s’exprimer mais son regard et ses mimiques me suffisent pour le comprendre. Il est tellement intelligent. Nous vivons dans une ferme et son plus grand bonheur : les animaux. Comme dans un autre témoignage, ce n’est pas facile de vivre avec un être « différent » (qui d’ailleurs ne sont pas si différent) au regard des autres. C’est tout juste si l’on ne doit pas s’excuser.
Aujourd’hui je me pose une question. Plutôt que de vouloir supprimer ces bébés, ne serait-il pas plus intelligent de chercher à ce que la vie leur soit la plus agréable et plus facile, que d’aller dépenser des milliards pour les recherches sur la lune par exemple.
(Une non-professionnelle)